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DIALOGUE PROTESTANTS - CATHOLIQUES

puce Michel LEPLAY, Les protestants et le pape, Labor et Fides, 124 pages, 1999 / Michel LEPLAY, Les protestants et Marie, Labor et Fides, 120 pages, 2000
Avec le mot juste et l'expression littéraire, M.L. aborde deux sujets qui fâchent : Marie et la Pape. Chacun reçoit l'interpellation qui lui revient.

puce Pierre BUHLER, Les protestants contre les indulgences, pour une jubilé de la justification par la foi, Labor et Fides, 2000, 158 pages
L'humour dit parfois la vérité d'une position avec beaucoup subtilité. C'est le cas de ce petit livre assez représentatif du protestantisme.

puce POSITION LUTHERIENNE N°4 - octobre 2000 sur la Doctrine de la justification
Reproduction des conférences du Centre Oecuménique International de Strasbourg sur la Déclaration commune sur la Justification.

  • La réponse du concile de trente, par Otto-Hermann PESCH
  • L'origine de la controverse : Luther et le moyen âge, par Théodor DIETER
  • La doctrine de la grâce chez Thomas d'Aquin, par Otto-Hermann PESCH
  • La signification de la doctrine de la justification pour l'ensemble de la doctrine chrétienne, par Théodor DIETER
  • Relations justification - ecclesiologie, par Ola TJORHOM.

Positions luthériennes, 16 rue Chauchat, 75009 Paris

puce LE DIALOGUE CATHOLIQUES-EVANGELIQUES, Débats et documents, sous la direction de Louis Schweitzer, coed. Edifac et Excelsis, 2002, 265 pages

Ce livre rend compte dans sa première partie du colloque 2001 de la Faculté libre de théologie de Vaux sur Seine.
Un événement ! C'est ainsi qu'est qualifié en introduction l'engagement évangélique dans le dialogue oecuménique. Car on en est encore à la phase de découverte, il y a toujours des pour et des contres comme la table ronde le montrera.

En réalité, le dialogue existe au plan international depuis 1972 précise le Mennonite Neal BLOUGH (commençant d'ailleurs avec la frange pentecôtiste). D'une relecture évangélique des fondements catholiques de l'oecuménisme, il conclut au paradoxe proprement catholique : un engagement oecuménique véritable... et la conviction d'être l'Eglise dans toute sa plénitude. Passant ensuite en revue les différents et nombreux dialogues, il en souligne l'utilité positive, exhorte à ne pas faire semblant que le problème n'existe pas, souligne la franchise des dialogues et les résultats concrets en terme d'actions et de changements réciproques. Il prend acte enfin de l'honnêteté de l'engagement catholique dans la reconnaissance des autres chrétiens, l'aveu des fautes passées, et l'acceptation de la liberté religieuse.

L'exégète Jacques BUCHHOLD, qui trouve grand intérêt à la déclaration luthéro-catholique sur la justification, montre que le NT témoigne de la diversité (y compris théologique) mais porte le souci de l'unité non seulement spirituelle mais aussi visible.
Il discerne dans le NT trois types de relations chrétiennes qui caractérisent aussi l'attitude évangélique à l'égard des catholiques : certains, minoritaires, pratiquent l'accueil réciproque dans la communion ecclésiale ; d'autres, la rupture avec anathèmes, estimant que les vérités essentielles sont en jeu ; d'autres enfin, la rupture avec des degrés de communion, à la manière de 2 Thess 3.14-16 : en discutant les opinions de l'autre (pour le gagner) mais sans oublier qu'il demeure un frère.

Les regards croisés du Père SESBOUE (qui participe aux dialogues depuis 1984 !) et du pasteur baptiste Alain NISUS, apportent un noyau théologique solide.
L'autorité des Ecritures, l'orthodoxie de la confession de foi, le caractère professant et le sens de l'expérience spirituelle, la volonté missionnaire, voilà ce qui plaît au catholique chez les évangéliques. Mais la liste des " reproches " est conséquente : un certain triomphalisme, le monophysisme scripturaire (humanité gommée), la négligence de la confession de foi sur l'Eglise " une, sainte, catholique et apostolique ", le flou sur les ministères, l'émiettement dénominationnel, la sous-estimation du baptême, la tentation élitiste et sectaire, un prosélytisme anti-catholique, le refus du BEM (document de convergence du Conseil Oecuménique des Eglises sur Baptême Eucharistie Ministère)...
Mais le regard de l'évangélique n'est pas plus tendre. Certains, plus ou moins critiques, découvrent avec sympathie la diversité catholique, le renouveau liturgique, ses spiritualités, sa volonté d'évangéliser et autres nouvelles expériences qui sont parfois proches du mode évangélique. Plus avant, le théologien appréciera le sens de l'unité intégrative (au risque du syncrétisme, de la contradiction ou de l'éclatement), le sens de la prise au sérieux de l'incarnation, mais soupçonnera une soif de pouvoir institutionnel, on reprochera à l'Eglise enseignante de se placer au-dessus de l'Ecriture, de sorte qu'elle ne puisse pas jouer pleinement son rôle d'instance critique de la vie et de la foi de l'Eglise.

Pour d'autres, cette Eglise n'a pas vraiment changé (continuité d'ailleurs revendiquée par l'Eglise catholique elle-même), sa tendance conservatrice est donc la plus représentative. Avec un tel système théologique englobant par excellence, où tout s'articule, tout accord partiel est un trompe l'oeil.

Tel n'est pas l'avis d'Henri BLOCHER pour qui le catholicisme a changé et s'est diversifié si prodigieusement qu'il est difficile de l'évaluer globalement. Souplesse donc mais souplesse captatrice sur fond de rigueur doctrinale (dont les articles fondamentaux sont partagés avec les évangéliques, mais pas les rajouts !) et ecclésiologique (le rôle instrumental de l'Eglise et des sacrements, " inacceptable "). On peut coopérer ensemble autour de la Bible ou dans une " co-belligérance " sur le front de l'éthique. Mais pour le reste, il y a beaucoup à travailler.

Une table ronde sur le sens du dialogue conclut ce colloque.
Que veut dire dialoguer : une stratégie pour gagner l'autre ? S'informer ? Une capacité d'avancer à deux ?
Faut-il dialoguer : non car nous n'avons pas les même bases, même au plan de l'interprétation biblique ; oui, justement à cause des différences, au nom de l'amour du prochain, ou au moins pour reprendre ces " frères " (mais le mot est discutable pour certains) ;
Dialogue interpersonnel, institutionnel ou les deux ?
Bref, doit-on se méfier de la séduction catholique ou faire confiance à la grâce ?

La seconde partie du livre donne l'occasion de republier (certains pour la première fois en français) les textes de dialogue évangéliques-catholiques sur la mission (1977-1984), la déclaration sur la mission chrétienne au troisième millénaire (1994), le don du salut (une remarquable déclaration sur ce que nous entendons par l'Evangile (1997), l'introduction du dialogue entre l'Alliance évangélique et l'Eglise catholique (1993-2001), et enfin les textes issus du comité mixte baptistes/catholiques français sur le baptême (1998) et la cène (2001). Autant de texte fort stimulants.
CONCLUSION : Un excellent document qui donne à la fois des éclairages théologiques importants et l'esprit général du monde évangélique à l'égard des dialogues avec l'Eglise catholique : partagé, divers, avec ses têtes-chercheuses optimistes, ses conservateurs aux durs a priori, ses modérés à la distance critique...
On note bien qu'un autre clivage traverse le débat, c'est la recherche, à côté d'autres courants dits parfois " modernistes " ou " libéraux ", d'une orthodoxie scripturaire, doctrinale et éthique, qui trouve ses échos dans le monde catholique.
Je ne suis pas sûr que ce livre fort bien fait, exprime seulement l'avis du monde évangélique. Bien d'autres protestants s'y retrouveront. Il pourrait être pour beaucoup une bon tour d'horizon pour une première démarche oecuménique, mais aussi pour une approche du monde évangélique.
Enfin, il est bon qu'Emile NICOLE, à travers la parabole du publicain et du pharisien, nous avertisse contre l'autosuffisance spirituelle qu'on voit toujours mieux chez l'autre que chez soi ! (G. DAUDE)

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