FPF : Service oecuménique

L'auteur ne se présente plus. Il est connu pour son engagement et sa franchise oecuménique. Il participe en ce moment au dialogues catholiques-baptistes français.

Le sous-titre, autorité, vérité et liberté dans l'Eglise, dit l'essentiel de son contenu : trouver un nouvel équilibre entre ces trois dimensions. Le sujet gène les protestants d'abord qui ne voient guère d'issue au débat, les catholiques ensuite, parce qu'il génère beaucoup de tensions, surtout dans les déviations centralisatrices et autoritaires actuelles. B. Sesboüé, lui, l'aborde sans crainte ni concession, jusqu'à la nécessaire recomposition du ministère papal.

Le chap I fait l'historique de la question, le Chap II évoque le présent, le chap III fait des propositions pour l'avenir.

Le livre sera utile aux protestants qui ont tendance à caricaturer les positions catholiques et aux catholiques qui ne connaissent pas forcément la réalité théologique (et débattue) de leur Eglise.

L'ecclésiologue catholique et toulousain bien connu offre là au protestant une excellente initiation à l'ecclésiologie romaine On y trouvera de fines interrogations à sa propre Eglise, elle-même en débat, de grandes ouvertures oecuméniques, des accents qui parlent au protestant, et un respect de l'autre qui touche.

Fondant une ecclésiologie de communion dans l'articulation trinitaire, il refuse le christomonisme ecclésial qui fait de l'ecclésiologie une réalité juridique et hiérarchique au lieu d'être une communion toute en rapport de réciprocité local/universel, collégial/personnel, etc. Il en découle des ministères à comprendre dans leur lien à la communauté et au charisme.

A la lecture, quelques a priori protestants tomberont sans doute. Voilà une bonne introduction à l'étude des questions qui fâchent en groupes ou en pastorales oecuméniques ou au colloque de Viviers.

Pédagogique, synthétique, facile à lire, humble.

L'auteur ne nous est pas indifférent : Diplômé d'Oxford et de St Serge, et chef du secrétariat pour les affaires intra-chrétiennes de l'Eglise Orthodoxe Russe à Moscou.

Voilà une bonne introduction, lisible pour un protestant occidental. Il calera sans doute devant quelques accents et images hors de sa culture (l'imagerie angélique ou l'intégration de la tradition mariale que l'auteur reconnaît non-fondée bibliquement). Mais il entrera sans difficulté dans la « logique » orientale et pourra être surpris pas les aspects bibliques (la Bible et les pères !) et la prise en compte d'éléments de la modernité, sur la définition du mythe par exemple. Quelques préjugés tomberont.

L'auteur adopte sur des positions d'ouverture, ce qui n'est pas négligeable pour un théologien russe : une compréhension ouverte des ministères (même s'il reste opposé au ministère féminin par souci de ne pas confondre paternité et maternité dans l'Eglise), et reconnaissance des autres Eglises. Il dénonce le sectarisme qui saisit parfois l'orthodoxie, distingue non-orthodoxie et hérésie, et constate que St Basile et St Grégoire furent beaucoup plus libéraux que les oecuménistes d'aujourd'hui !